Quand la créativité rejoint l'intelligence : brillantissime
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De eNeum
Il fut un temps - bref et plus que tardif - où France 2 s'était mis à diffuser certains épisodes de "The West Wing", traduit en français de façon primaire "A la Maison Blanche" au lieu donc de "L'Aile Ouest", domaine réservé au bureau ovale et surtout aux départements des tous premiers collaborateurs du Président dont son secrétaire général. Bref. L'effort était tout de même méritoire, à l'heure où déjà à l'époque - il y a plus de 8 ans - seul le crétinisme décérébré des soirées de prime time à la TF1 oblitérait les neurones en flattant les plus bas instincts de veulerie de tout un chacun. Pendant ce temps-là, le bas peuple ne nourissait aucun sens critique sur quoi que ce soit, et certainement pas envers ses dirigeants... Effort méritoire donc mais bien vain sinon volontairement réduit à son minimum, puisque notre service pubic audio-visuel français diffusait ces épisodes le vendredi ou le samedi soir vers... 1h30 du matin...
C'est pourtant ainsi que je découvris cette création de Aaron Sorkin. L'engouement fut immédiat, parce que me procurant une jubilation instantanée et une addiction immédiate. Aussi bien, comme je le dis en titre, devant autant d'intelligence dans les scénaris et le casting que par l'alternance - toujours hyper crédible - entre les moments de tensions sinon de gravité et ceux plus légers, faisant même montre d'un humour brillant et contagieux. Un modèle du genre. Heureusement cela étant, pour moi donc, que je je fus happé par la série, car je n'eu que très peu l'occasion de m'en délecter, puisque sa programmation disparut sans préavis et que je n'avais pas le satellite, qui à son tour aussi finira par ne plus diffuser cette extraordinaire création télévisuelle.
Fort heureusement là encore, le XXIème siècle nous permet d'acheter des DVD et par coffret entier encore...
Je ne suis pas pour autant crédule au point de croire que la majorité va se précipiter sur ce bijoux sous prétexte que certains d'entre nous sont dythirambiques, alors même qu'ils le devraient. Dès lors qu'on parle de politique, de réalisme, sans une once d'effets spéciaux, les rangs se vident comme une débâcle annoncée... Pourtant, laissez-vous vous convaincre que ce journal de bord d'un mandat présidentiel américain se regarde et se vit pour tout dire - tellement l'immersion est forte - comme une aventure, tout en nous racontant le monde et ses arcanes. Si certes ils s'agit de la vie d'un démocrate et de son staff à la maison blanche, avec en sus les rouages du congrès américains, c'est aussi tout un pan de la vie américaine - et par comparaison de la nôtre européenne - auquel on s'attache irrésistiblement pour s'immerger dans la vie et les batailles de chacun des protagonistes : Cijie la porte-parole, Tobey à la com et son assistant Sam, Josh la tête pensante mais si décontracté (alors celui-là vous en serez dingue !) et son assistante Donna, Léo le sécrétaire général et enfin Bartlet, le président (en la personne d'un immense acteur : Martin Sheen) aux liens si particuliers et parfois émouvants - mais toujours drôles - avec son jeune assistant noir : Charlie. C'est dire qu'ils deviennent comme une famille, et ce n'est pas le moins brillantissime sinon même le moindre des tours de force de cette série unique. Car si certes on les suit dans leurs affrontements politiques - et vous vous surprendrez à jubiler à leurs victoires où à partager leurs amertumes devant leurs échecs - on les suit aussi dans leurs rapports aux uns aux autres : tout à tour soudés, en affrontement, gais-lurrons plein de connivences ou fous de colère, en proie à leurs problèmes intimes, faisant des autres aussi bien des collègues que des amis, d'où une ligne ténue qui nous mets toujours sur la brêche et qui l'air de rien nous les fait aimer davantage encore. Je vous l'ai dit : un bijoux, taillé au plus fin... Et il saura vous toucher en plein dans le mille avec des épisodes comme la tentative d'assassinat d'un des membres de l'équipe par exemple pour des questions... raciales. A une époque où aujourd'hui Barack Obama est le président américain, les angles abordés par Aaron Sorkin sont d'une accuité et d'une humanité troublantes, d'autant que pas une fois il ne tombe dans le patos, la naiveté où l'inepte "american first" : l'auto-critique parcourt toute la série...
Maintenant vous êtes libres de préférer les jeux si extraordinaires des primes-times français ou de leurs séries au rabais... Mais ne venez plus dire que vous voulez plus de documentaires, plus d'intelligence à la télévision et j'en passe...