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De Der Wanderer
Ce qui nous relie à l'orée, aux lisières, traverse le temps. Il ne peut y avoir d'amour autre qu'éternel, nous ne pouvons en décider autrement.
Et voici comment ce film-parabole, met en scène ces "vampires" — qui ne sont en vérité que des âmes amantes, en peine, traversant les incarnations en poursuivant malgré tout leur quête de vie et de sang.
Une parabole pour aujourd'hui, et toujours, quand les siècles s'achèvent dans un chaos, ceux qui passent le cap du grand cycle n'ont pour eux qu'un fil ténu entre la vie et la mort, à faire vibrer… comme les cordes d'une guitare.
La musique de l'amour est une nuit sans fin.
Jamais assez d'une vie, les vampires errent entre les mondes, sans pourtant jamais atteindre à l'immortalité.
La perpétuelle lutte du bien et du mal n'est qu'une seule et même danse de la réalité.
J'ai vu tant d'univers dans ses yeux. Elle a allumé un feu qui ne m'appartient pas, et que je dois faire vivre, transmettre, répandre, nourrir.
Elle m'a converti, et, depuis, j'erre, sans elle, dans cet espace où elle m'a abandonné. Avide et sans sérénité, il me semble que je ne pourrai jamais rien achever ici.
Absent du temps, comme eux, je ne fais que passer. La vie n'est que feu et sang partagés.
Comme le monde, l'amour a toujours été là. Si nous habitons le monde, l'amour nous hante. Il nous traverse comme nous traversons de ce jour vers cette nuit. Une course folle qui donne l'impression d'une linéarité, d'une continuité qui permet l'accumulation des expériences et des savoirs.
Mais en un instant résident tous les instants, en un jour tous les jours, en ses yeux tous les feux.
Elle est toutes les femmes du monde par le simple fait qu'elle est autre, et qu'elle est là.
Entre elle et moi, ce qui est passé une seule fois passera pour toujours.
Un film profond, qu'il faut revoir, non pour le comprendre mieux mais pour apprendre à voir.
Les symboles habitent notre vie non comme des rêves inadaptés mais comme des formes en devenir. Ce qui fait métaphore fait passage entre les mondes, entre les temps, et les âmes.
Ce film est une métaphore, c'est pour cela qu'il ne peut s'achever, qu'il ne peut avoir de fin que dans un autre commencement.
Apprendre à se reconnaitre l'un l'autre n'est pas donné à tous. Et pourtant, ce qui a été uni une fois ne peut se défaire. Ce n'est pas un appel à l'éternité, mais au devenir. En passant d'une époque à une autre, chaque fois l'union est à refaire, comme chaque fois le passage d'un hypothétique instant à l'autre.
Dire cela dans un film est en-soi un défi à relever. Il l'est avec en prime une ironie et une dérision sur son propre sort. On ne produit pas un ovni cinématographique par conviction, mais parce que l'on poursuit une idée jusqu'au bout, c'est à dire jusque dans ses moindres variations. L'action ? C'est le temps qui passe. Chaque seconde est une goutte de sang.
Le courage, quitte à être incompris, ridicule, mais le courage de créer, oser l'imperfection pour mieux donner forme, faire corps.
Intarissable flot, qui ne peut prendre fin.
Seul l'amour survivra aux amants.
À La Lionne d'Or.